Réflexion sur L'empire du politiquement correct de Mathieu Bock-Côté
Les mots en folie

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Réflexion sur L'empire du politiquement correct de Mathieu Bock-Côté

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Réflexion sur L'empire du politiquement correct de Mathieu Bock-Côté

Dans un essai à la fois brûlant d’actualité et fort percutant, le sociologue des médias Mathieu Bock-Côté jette un pavé dans la mare. Son dernier ouvrage illustre l’emprise de la rectitude politique sur la vie publique au Québec, en France et ailleurs en Occident. À l’aide d’exemples concrets et évocateurs, l’auteur brosse un tableau complet de la suprématie de l’extrême-gauche identitaire sur la vie en société, tant dans les journaux numériques, la radio et la télévision que dans les différents paliers gouvernementaux. À la lumière des explications du livre, le lecteur comprend à quel point le mouvement woke oblige les différents acteurs sociaux à se conformer à la nouvelle idéologie victimaire des minorités, idéologie qui empoisonne la vie publique en censurant les paroles des intellectuels --- même ceux qui sont à gauche du spectre politique --- et en imposant une nouvelle langue et une nouvelle pensée où l’homme blanc hétérosexuel cisgenre, chrétien ou sans confession, est la raison de tous les maux de notre époque et la nouvelle cible à abattre, métaphoriquement parlant. 

 

L’ouvrage se lit avidement comme un roman, chaque chapitre abordant une différente facette de la nouvelle censure idéologique d’extrême-gauche. L’introduction place le lecteur dans le contexte actuel où les termes « dérapages » et « dérives » sont utilisés à outrance pour décrier des situations anodines et dénoncer des problèmes inexistants. L’auteur précise que les routes bien balisées de la bien-pensance empêchent toute expression d’une idée divergente conçue comme une micro-agression là où, il y a à peine vingt ans, le lecteur aurait perçu une simple confrontation des idées. L’extrême-gauche dicte aux médias et aux politiciens la conduite et les propos à tenir par peur d’offenser les minorités, qu’elles soient sexuelles, religieuses, ethniques ou autres. 

 

Les chapitres suivants expliquent bien comment le débat politique actuel s’articule autour des assises de cette idéologie victimaire. Les différents partis politiques occidentaux, qu’ils soient de gauche ou de droite, adhèrent presque tous à la doctrine diversitaire. Les partis ne font qu’échanger sur les différentes façons de la mettre en place pour mieux l’imposer à tous ceux qui refusent leur endoctrinement. Les acteurs politiques se voient dans l’obligation d’adhérer au multiculturalisme et à l’idéologie trans sans pouvoir les remettre en question. Les médias occidentaux de masse participent presque tous à la soi-disant « éducation » de la population pour forcer leurs auditeurs à se tourner vers la nouvelle bien-pensance d’extrême-gauche. Les récalcitrants sont taxés de « réactionnaires » et d’« infréquentables », mis au ban de la vie publique pour une remarque ou une autre qui, en d’autres temps, n’aurait choqué personne. 

 

Ensuite, l’auteur démontre avec brio comment les médias publics dirigent la doctrine diversitaire vers la normalisation et l’uniformisation du discours entendu à la radio, vu à la télévision et publié sur internet. Lorsque l’électorat se tourne vers la droite, voire l’extrême-droite, les médias présentent des gauchistes déçus et amers qui ont tout fait pour enseigner la valeur suprême de la bien-pensance, mais dont la pédagogie n’aurait pas été réellement comprise. Car le citoyen, pour être du côté du Bien, doit voter à gauche. Dans les médias publics, l’électeur intellectuel, cultivé et ouvert d’esprit vote à gauche. Il est célébré dans son amour et son respect de la différence ad nauseam. A contrario, celui qui vote à droite est caricaturé comme étant pauvre d’esprit et rempli de préjugés. C’est en quelque sorte l’ennemi à lyncher, médiatiquement parlant. On l’associe au Mal, on le démonise sur la place publique, pour ne serait-ce qu’un commentaire perçu par l’extrême-gauche identitaire comme « offensant », un discours repris par les élites intellectuelles qui observent chaque fait et geste sous la lorgnette de la victimisation à outrance.

 

Pour contrer cette culture de la déconstruction mentale collective, Bock-Côté propose de cesser l’identification abusive et systématique à des sous-groupes de la société jugés victimisés d’emblée pour mieux s’engager dans la vie publique en tant que citoyen d’un pays donné ayant une identité nationale, une histoire commune et un avenir prometteur. L’essayiste nous exhorte à cesser la censure idéologique, médiatique et politique et à faire l’éloge du débat civilisé, un débat véritable où il serait réellement permis d’exprimer une pluralité de thèses sur la place publique. 

 

En somme, l’essai de Mathieu Bock-Côté amène un vent de fraîcheur dans le monde antidémocratique de la soi-disant pureté de l’extrême-gauche woke. L’auteur décrit avec force, à l’aide de nombreux exemples récents à l’appui, à quel point l’extrême-gauche sectaire se pose en donneur de leçons et, en ce sens, constitue un danger pour les débats démocratiques. La vie publique étant devenue essentiellement confinée par la bien-pensance de la nouvelle extrême-gauche sectaire, l’auteur propose d’ouvrir le débat à toutes les opinions possibles et d’enfin éradiquer l’étouffement causé par une situation de musellement de la droite et du centre-droit. À lire absolument!



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