Réflexion sur Le multiculturalisme comme religion politique de Mathieu Bock-Côté
Les mots en folie

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Réflexion sur Le multiculturalisme comme religion politique de Mathieu Bock-Côté

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Réflexion sur Le multiculturalisme comme religion politique de Mathieu Bock-Côté

Notre époque chante le multiculturalisme comme étant celle d’une ouverture à l’autre tous azimuts. Au XXIe siècle, il faudrait accueillir toute personne au Canada et accepter toutes les différences sans broncher. Minorités sexuelles, culturelles et religieuses ne devraient pas s’intégrer à la société québécoise, mais l’inverse devrait se produire : la majorité silencieuse devrait tout accepter au nom de la soi-disant richesse de la diversité. L’être humain occidental serait partout le même : un être désincarné sans culture, sans histoire, sans langue. Une machine à exister, nue de toute considération culturelle. Paradoxalement, il faudrait s’émerveiller devant l’apport culturel considérable des immigrants et piler sur le nôtre pour se montrer « inclusif ».

 

Si cette déconstruction historico-socio-politique vous choque, vous n’êtes pas seul. Dans son essai Le multiculturalisme comme religion politique, le sociologue Mathieu Bock-Côté explique d’où vient cette nouvelle gauche qui tente de détruire l’héritage occidental de notre civilisation. En mai 1968, l’Occident subit l’assaut des étudiants furieux contre les institutions publiques. Après le désenchantement des intellectuels de gauche devant la brutalité du communisme en URSS, la gauche doit se réinventer. Au lieu de victimiser le prolétaire, la gauche entreprend de pleurer sur le sort des minorités sexuelles, ethniques et religieuses. La gauche prétend défendre les supposés exclus en leur enjoignant de ne pas s’intégrer à la société. Il reviendrait à la société française de changer pour permettre aux immigrants de vivre en France comme en Algérie, en Chine ou en Argentine. Une telle idéologie victimaire est ensuite exportée partout en Occident. L’homme blanc hétérosexuel chrétien ou sans religion devient la nouvelle cible à abattre, responsable de tous les maux de la société.

 

Évidemment, une telle thèse ne tient pas la route. Une femme noire homosexuelle cheffe d’entreprise serait la victime de la méchante société, mais un homme blanc hétérosexuel sans-abri serait le grand gagnant de la société. Avec une telle grille d’analyse, il est aisé de constater que la business de la victimisation identitaire est une vaste supercherie. La gauche, en défendant les minorités, s’éloigne du peuple, qui voit la désubstantialisation des cultures occidentales laisser place à des dizaines d’autres cultures célébrées dans leur différence. L’État-nation devient une idée dépassée, réfractaire, néfaste qu’il faudrait abolir. Si autrefois le peuple voulait former une unité, aujourd’hui il faudrait le défragmenter en parcelles identitaires morcelées et ainsi y voir un progrès social. Un vrai patchwork d’identités sexuelles, ethniques et religieuses naît sous les yeux de la majorité silencieuse qui doit se taire au nom de l’inclusion et de la diversité.

 

Vous voulez des exemples? Les accommodements raisonnables sont l’aboutissement de la désincarnation de la société qui valorise les droits de la personne à outrance plutôt qu’un sage équilibre entre droits individuels et collectifs. Vous voulez porter le voile, symbole politico-religieux de la misogynie? Allez-y! Vous voulez porter le kirpan, symbole politico-religieux de l’offensive de guerre? Allez-y! Vous voulez un lieu de prière au travail, symbole politico-religieux de l’anti-laïcité? Allez-y! La majorité chrétienne ou sans religion n’a qu’à se plier aux exigences des immigrants qui refusent de s’intégrer à la société québécoise.

 

Ce que dénonce Mathieu Bock-Côté dans son essai, c’est l’impérialisme de la gauche sur le discours politique. Aujourd’hui, même la droite doit acquiescer à l’idéologie diversitaire sous peine de se faire traiter de xénophobe, d’homophobe, de misogyne ou de transphobe. Les partis de gauche ont réussi, au Canada, à s’emparer des médias et de leur culture de la diversité à outrance pour créer une hégémonie de la parole publique. Même les partis de droite courtisent les minorités sexuelles, culturelles et ethniques. Si la majorité s’affirme comme étant résolument anti-sexiste, on lui ordonne de se taire en la traitant d’islamophobe. Ce n’est pas compliqué, si interdire à sa fille d’aller à la piscine est perçu comme fondamentalement misogyne par le peuple québécois, il faudrait quand même laisser passer cette situation si elle se fait au nom d’un dieu exotique.

 

Bref, il existe une dichotomie entre les intellectuels de gauche qui tentent d’enfoncer l’idéologie diversitaire dans la gorge des Québécois et le peuple qui ne veut pas s’effacer devant les particularismes ethniques et religieux d’immigrants qui refusent de s’intégrer pleinement. Si le livre de Mathieu Bock-Côté détaille à fond cette situation, il ne propose que peu de solutions. Il serait intéressant d’entendre M. Bock-Côté soumettre un plan de secours du peuple québécois.



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